La maman de Forest Gump disait toujours « la vie, c’est comme une boîte de chocolat, on ne sait jamais sur quoi on va tomber »
Pour moi la vie, c'est comme une randonnée, je ne sais jamais sur quoi je vais tomber.
Tout commence par la préparation du matériel, mouchoir, couteau, poche d’eau pour m’hydrater, pansements, fruits, tong (oui, oui ça peut vraiment être indispensable), bandeau sur la tête, la carte du circuit de randonnée. Ensuite prendre la voiture, rouler jusqu’au site. Arriver sur place, mettre le sac à dos sur le dos, lancer l’appli qui trace mon parcours, je suis fin prête, équipée, chaussure au pieds, lacets noués, j’entame ma randonnée, top départ.
La vie c’est comme une randonnée. Le parcours peut être facile ou difficile. Le relief peut être plat ou escarpé. Le chemin sec, humide, boueux, accidenté, présentant des obstacles à franchir ou à contourner. Des sentiers sinueux, étroits ou plus ou moins larges. De temps à autre croiser d’autres randonneurs, mais la plupart du temps parcourir le chemin, seule. Par inadvertance, sortir des sentiers battus, faire des erreurs de trajectoire ou d’en choisir une, volontairement différente, la tester, l’évaluer, la soupeser, tantôt se rendre à l’évidence, ce n’était pas la bonne direction et rebrousser chemin et à d’autre moment l’erreur ou la bifurcation volontaire procure une bonne surprise et de belles découvertes.
La vallée du Couesnon - Ille et Vilaine
La vie c’est comme une randonnée. Je commence celle-ci par un petit sentier, plat, agréable, verdoyant. Mon lecteur audio contient qu’une seule piste – le bruit de la nature – les différents gazouillis des oiseaux, le murmure de la rivière que je longe, le vent qui bruisse dans les arbres. Ici je me sens bien, comme accueillie, en sécurité, tranquille. Le soleil est là, le ciel est bleu, une légère brise, fraîche, viendra me rafraichir dans quelques minutes, en plein effort ou juste après. Pas à pas, le sentier se dévoile, il se fait plus étroit, je remarque que des chevaux sont passés, ils ont labouré la terre de leurs sabots, déposés leurs crottins, c’est boueux. Des branches d’arbres ralentissent ma progression, elles se mettent en travers de mon passage, les repousser d’un geste pour ne pas m’en prendre une en pleine figure, la vie fait ça parfois, elle nous balance quelques gifles en pleine poire.
La vie c’est comme une randonnée. J’emprunte une passerelle qui surplombe une rivière. Après, ça se corse, le relief change, il faut que je grimpe maintenant, j’entame cette mini ascension, mince je suis essoufflée, ça tire dans mes mollets, ça brûle dans mes cuisses, je ne voyais pas ça aussi abrupt, pour compliquer le tout, ce sentier est un peu glissant, je dois assurer mes appuis, les racines des arbres et quelques parties visibles de cailloux ou de roches, qui affleurent à la surface de la terre soutiennent et calent chacun de mes pas. J’y suis arrivé, ouf ! Je prends un moment pour retrouver mon souffle, et j’en profite pour observer, absorber, m’abreuver de ce que la nature m’offre en cet instant précis. Juste être là, accueillir et savourer. Remercier et mesurer combien ces racines, ces rochers à peine sortie de terre ont facilité ma progression et permis de trouver des appuis solides pour monter. C’est comme dans la vie, il y a des appuis qui nous permettent de nous élever !
La vie c’est comme une randonnée. C’est un moment privilégié ou j’ai rendez-vous avec moi-même, une manière efficace de me vider la tête, de mettre mon cerveau sur pause, de prendre du recul, avoir conscience de marcher chacun de mes pas, chacune de mes foulées, conscience de mon corps, de l’effort, de la respiration, des mouvements, conscience de l’environnement, des bruits, des sensations corporelles.
La vie c’est comme une randonnée. J’ai manqué à plusieurs reprises de m’étaler de tout mon long, je n’ose même pas imaginer ce que ça ferait de m’affaler de mon un mètre soixante-quinze. Je ne compte pas les fois où mon pied à buter contre une racine ou un caillou, les fois où j’ai trébuché, perdu l’équilibre puis me contorsionner pour retrouver la stabilité tout en vociférant contre moi (de ne pas l'avoir vu) et l'obstacle (mais qu'est-ce qui foutait-là ?). Puis, une fois le calme retrouver, avec humour me demander si cette petite tribulation n’était pas là pour me transmettre un message : « mais regarde donc où tu mets le pied », ou encore : « et si tu levais le pied ? » ça concerne la rando ou bien… ? La rando ne me donne pas l’occasion de m’attarder sur cette réflexion, c’est une activité qui demande à vivre et être dans la marche. Y a du bon dans la rando ! Le circuit que j’ai choisi est particulièrement vallonné, ça monte et ça descend. Je m’amuse souvent à prendre de l’élan pour grimper quand ça monte, dévaler la pente quand ça descend. Tout dépend de la descente à dire vrai, je n’ai pas le goût de m’emplafonner un tronc d’arbre, ou de tomber dans un ravin, ou de rentrer tout droit dans un buisson épineux, alors j’ajuste ma vitesse, tout en vérifiant où je pose mes pieds.
Ma vie c’est comme une randonnée il y a un point de départ, des étapes, des accidents de parcours, des sorties de route involontaires et/ou volontairement provoquées. Se tromper de trajectoire et rebrousser chemin. Prendre plaisir à s’affranchir du circuit proposé pour en découvrir un nouveau. Etre curieuse, aventureuse (juste ce qu’il faut) et continuer ainsi, jusqu’à l’arrivée.